SGS prépare son départ de Genève : direction Zoug en 2026

SGS prépare son départ de Genève : direction Zoug en 2026

C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour SGS. La multinationale spécialisée dans l’inspection, la certification et les tests industriels quittera Genève, son port d’attache depuis plus d’un siècle, pour installer son siège à Zoug en 2026. La décision, confirmée mercredi lors de l’assemblée générale annuelle, a été adoptée par une large majorité des actionnaires, malgré des critiques venues de plusieurs milieux économiques genevois.

Installée à Genève depuis 1915, SGS était l’une des dernières grandes entreprises cotées à y avoir conservé son siège. La société, qui emploie environ 150 personnes dans la région genevoise, a indiqué que ce transfert se ferait au plus tard au premier trimestre 2026. Le nouveau siège sera situé à Baar, dans le canton de Zoug, un pôle économique réputé pour son environnement fiscal favorable.

Une décision stratégique controversée

Lors de l’assemblée, 88,9% des voix représentées ont soutenu la relocalisation. Cette mesure, inscrite en fin d’ordre du jour, était pourtant attendue comme le point le plus controversé. Plusieurs voix discordantes se sont exprimées, à commencer par la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), dont le directeur Vincent Subilia a pris la parole pour dénoncer cette « rupture symbolique ».

Selon lui, les justifications avancées — économies sur le coût des bureaux, meilleure connectivité avec Zurich et attractivité accrue pour les talents — ne suffisent pas à justifier ce qu’il considère comme une perte importante pour le tissu économique local. Le départ de SGS serait ainsi vécu comme une trahison par plusieurs acteurs genevois.

L’ombre de l’optimisation fiscale

Parmi les éléments soulevés par la presse ces dernières semaines figure également la question fiscale. Le canton de Zoug propose en effet des taux d’imposition nettement plus avantageux pour les entreprises. La directrice générale de SGS, domiciliée dans le canton, pourrait réaliser des économies fiscales annuelles substantielles, estimées à environ 1,2 million de francs. Sollicitée sur ce point, la direction du groupe n’a pas souhaité répondre.

Bien que les nouvelles règles fiscales internationales (comme celles proposées par l’OCDE) visent à harmoniser les taux minimums d’imposition des multinationales à 15%, Zoug resterait plus souple en matière de subventions et d’allègements fiscaux.

Des inquiétudes pour le personnel

Ce déménagement ne se fera pas sans conséquences sociales. La fondation Ethos, actionnaire minoritaire engagée pour une gouvernance d’entreprise responsable, ainsi que l’association Actares, ont exprimé leur opposition. Leurs représentants craignent des pertes d’emploi, ou du moins des départs contraints pour les collaborateurs ne souhaitant pas suivre l’entreprise à Zoug.

SGS assure néanmoins qu’une partie de ses effectifs restera à Genève, avec environ 20% des employés suisses toujours actifs localement pour maintenir les liens avec les partenaires historiques.

Une opération logistique d’ampleur

La relocalisation physique du siège représentera un défi logistique important. Pour mener cette opération dans les meilleures conditions, SGS a fait appel àCarbonie Déménagement, une entreprise basée à Lausanne, spécialisée dans les déménagements professionnels de grande échelle. Ce choix confirme l’ampleur du transfert à venir, et la volonté du groupe de minimiser les perturbations opérationnelles durant la transition.

Une perte symbolique pour Genève

Du côté des autorités cantonales, la décision est accueillie avec regret, mais sans surprise. Delphine Bachmann, responsable du Département de l’économie, a déclaré que le gouvernement prenait acte de cette décision, tout en soulignant qu’il s’agissait du choix autonome d’un acteur privé. Elle a ajouté que Genève continuerait de défendre ses atouts pour attirer et conserver les entreprises innovantes.

En 2024, SGS a généré un chiffre d’affaires de 6,79 milliards de francs et un bénéfice opérationnel de 1,04 milliard. Ses principaux actionnaires incluent le groupe Bruxelles Lambert, UBS Fund Management et BlackRock.

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